Certitude

09.04.2013

Quelque part. Parfois très loin parfois tout près. Quelque part il y avait cette certitude. Un point à la croisée de lignes dont nous ne prenions connaissance que par à coups et qui retombaient dans l’oubli pour peu qu’une année passe. Jusqu’aux dernières semaines et la lumière plus forte que jamais, mille signes aveuglants jour après jour et ceux que nous n’avons pas su rencontrer.
Il a fallu encore plusieurs jours pour que nos propres lignes viennent se superposer à celles qui avaient mené à ta mort, et marquent le basculement du monde.

Mars

05.04.2013

Une semaine sur la côte landaise avec les enfants. Le soleil et la température élevée en contraste presque surnaturel des jours glacés de Paris, parenthèse atmosphérique dans l’hiver qui n’en finissait plus. Sur place, nos trajets en voiture fenêtres ouvertes avaient pu respecter la tradition chère au garçon comme à la fille : nous avons écouté Dinosaur Jr à plein volume, secouant nos têtes, souriant et parlant fort d’un siège à l’autre. Le dernier album de Purling Hiss a été également fort apprécié, inauguré à ma grande fierté par la remarque d’une critique en herbe : « Oh ben dis-donc le premier morceau, il ressemble à Nirvana, hein. » Oui oui. Élu disque de l’année à l’unanimité. Dans la maison, c’est Jonathan Richman qui accompagnait les fins d’après-midi.

Des signes alarmants nous sont parvenus d’une ville qui semblait, de nos douces vacances, une autre planète. Alarmants oui mais comment savoir. Comment savoir vraiment. Faire la différence avec toutes les autres fois. Et si on avait su, alors quoi ? Évidemment il y avait eu un pressentiment, le constat ou l’impression plutôt d’une accélération fulgurante après plusieurs années de calme relatif. Mais des pressentiments il y en avait eu beaucoup d’autres, vains. Deux jours après mon retour à Paris, à l’issue d’une expédition suivie de loin sans pouvoir à mon immense regret apporter le soutien de ma présence fraternelle, ceux qui étaient partis au front ont fait ouvrir l’appartement et trouvé son corps.
On ne va pas s’étendre, il n’y a rien d’ailleurs aujourd’hui sur quoi se reposer. Accueillir simplement l’appel d’air de la disparition, son ambivalence aussi, et tâcher de le contenir un peu. Reconnaître que seule la musique, élément qu’il a aidé à inscrire dans les plis les plus anciens de ma personne, aide. Seule la musique sait faire venir jusqu’ici le sable, la lumière et l’odeur des pins. Seule la musique sait faire couler des larmes apaisées. Seule la musique sait garder ouvertes les vitres de la voiture aux vents de l’océan.

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