La dissolution des frontières

27.03.2010



Un tapis roulant, sans rampe, sans bords. Rien ne va, tout va. On avance. Le détachement, le débordement. Dissolutions généralisées. C’est ce que coûte l’abandon de l’angoisse. On fuit. Pas des fuites de lâches, des fuites de récipients poreux. On laisse couler. Les frontières du corps, de l’esprit et du monde sont mouvantes, elles tremblent comme la lumière à la fin du jour et tu n’as plus à t’en préoccuper. Des gens importants disparaissent en une nuit. Comme avant, l’étrangeté est le terreau noir et odorant de tes amitiés. Rien ne va, tout va. Ce que tu apprends de la matière, ce que tu apprends de la marche quotidienne du monde, t’aide à vivre.

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The songs in my heart #12

21.03.2010

My Girl
J’ai toujours aimé les reprises. Un exercice qui, lorsqu’il est réussi, révèle à la fois les qualités insoupçonnées d’une chanson et les compétences d’un interprète ou d’un arrangeur. Celle-ci est comme un petit trésor pour moi. De ceux que l’on trouve au fil du temps et que l’on garde toujours avec soi, comme les cailloux et les morceaux de bois polis dont les enfants se remplissent les poches au gré de la journée. Une hybridation parfaite de la soul chaloupée des premiers Temptations et du son blafard et drogué des Mary Chain. Sunshine in a Cloudy Day, voilà c’est ça.

The songs in my heart #11

12.03.2010

Total Peace
Dès la première seconde, le grattement de cordes reconnaissable entre tous m’enivre. Ça n’est pas simplement de la nostalgie, c’est beaucoup plus simple et beaucoup plus fort. Les craquements, le souffle, chaque note. Ce morceau est une évidence. Comme une partie de mon corps, comme mon lit, comme une maison qui m’a vu grandir. This is all I’ve waited for.

Ocean Soundtrack

06.03.2010


On est partis vers le sud sans se presser. Une pause à Toulouse et finalement la côte landaise. Le vent, les arbres, le sable, les vagues, le soleil. La maison que l’on retrouve comme un vieux vêtement habitué aux plis du corps. Le jardin qui n’est plus ce qu’il était. Les enfants prennent leurs marques en un clin d’œil. Balayage et ratissage. Les allées, la terrasse : un vieil animal dont ils prennent soin, qu’ils brossent pour débarrasser sa peau des feuilles et des aiguilles de pin.
Quelques heures — un jour ou deux — avant de trouver le rythme qui convient au temps qu’il fait, et le tour est joué. Paris est loin, à moins que ce soit nous. Je ne sens plus comme avant l’odeur de l’eau, ni celle des pins et des mimosas. Quand je ferme les volets, la nuit ne m’enivre plus vraiment. C’est l’âge sans doute. Mais le plaisir de circuler dans ce monde là est toujours aussi grand. Frotter les pieds contre le sable, respirer plus lentement encore qu’à l’accoutumée, s’envoler quelques instants. Observer les enfants qui éprouvent parfaitement, eux, la présence obstinée de chaque vague, de chaque rayon de soleil, de chaque grain de sable, de chaque étoile.

Pour une fois, on avait emporté de la musique, et de quoi l’écouter fort. La dernière fois qu’autant de décibels avaient empli la maison, c’était pour un mariage. J’avais treize ou quatorze ans. Voici quelques morceaux pris un peu au hasard, parmi ceux que nous avons joués entre le 26 février et le 3 mars.

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