L’album de l’année : Bighand Bigknife

09.07.2016

Bighand Bigknife Winner’s Cup

Après des années à naviguer d’un genre de musique à un autre, passant parfois plusieurs mois à n’écouter que de la soul et du rocksteady sans même voir passer Murray St., j’ai fini par être beaucoup plus radical dans la déconstruction. Fini l’exclusivité temporaire, je veux écouter de tout, tout le temps. Problème : les découvertes de la semaine et autres fresh finds de Spotify ont du mal à suivre. On y trouve bien un disque par semaine à garder dans un coin, mais l’éventail est trop étroit. Pour les guitares qui scient les oreilles et les batteries qui s’enfoncent dans la cage thoracique, je vais voir ailleurs. Dans ce registre, Bighand Bigknife fait parfaitement le boulot. À la texane, comme on dit dans le milieu. On y trouve quoi, me direz-vous ? Rien que de très habituel. Une voix en colère, beaucoup de bruit, une certaine sécheresse, des structures relativement classiques malgré tout. Je ne suis pas très bon en étiquettes, je range tout ça dans mon tiroir noise rock, ça me suffit. Mais, justement, il n’y a pas grand chose dans ce tiroir. La plupart de ces machins m’emmerdent. Trop virtuoses, ou trop poseurs, ou trop metal, ou pas assez violents. Winner’s Cup sonne exactement comme il faut à mes oreilles, le dosage de chaque micro-ingrédients est parfait. Si vous voulez mon avis, on tient là, sans aucun doute, l’album de l’année.

L’album de l’année : Attic Abasement

02.07.2016

Attic Abasement Dream News

— Tu te rappelles ce que tu t’étais juré de ne pas faire lorsqu’on t’a demandé d’écrire à nouveau sur la musique, il y a quelques années ? Ne jamais citer un autre disque ou un autre groupe en parlant d’un album ? Cette manie épuisante de la comparaison foireuse qui a annihilé l’intérêt des chroniques de disques ? Tu te souviens comment ça te rendait fou dans les Inrockuptibles, vers 91-92 ? La déception systématique à l’écoute du disque affilié à Nick Drake ou à Sonic Youth ou à Beck ? La frustration de ne pas comprendre ce que voyaient les journalistes, ni dans le disque dont il était question, ni dans celui qui était pris comme modèle ?
— Bien sûr, oui
— Mais tu vas faire comment, là, pour parler de ce « Dream News » sans évoquer Pavement ? Ou sans utiliser « slacker » parce que c’est pareil , hein.
— Ouais, je sais pas. Je vais dire que Mike Rheinheimer crie joliment, et que ça accentue la fausseté de son chant. Que les tempos des chansons sont un peu tarabiscotés, comme à la grande époque du post-tout et des chemises à carreaux qu’on achetait au poids pour presque rien dans les fripperies. Je parlerai du super solo de Guarantee Jesus. Je dirai qu’on tient là, sans aucun doute, l’album de l’année.

L’album de l’année : Horse Jumper of Love

18.06.2016

Horse Jumper of Love Horse Jumper of Love


Vous vous souvenez du slowcore ? Bruyant, lourd, lent. Un peu emo aussi. J’aimais beaucoup. J’aime toujours beaucoup. Enfin surtout Codeine, en fait. Je ne sais pas qui en faisait d’autres. Low, Spain ? Non non, c’est du Gospel, c’est très différent. En tout cas, c’est le terme qui m’est tout de suite venu en écoutant ces chansons. Slowcore. Sauf qu’on n’y est pas tout à fait. Le son, par exemple, n’est pas énorme. La batterie est un peu planquée dans le garage. Les micros devant les amplis ne doivent pas coûter 500 balles. Disons, que tout ça n’est pas réalisé dans les canons du mastering contemporain. Du Slowcore lo-fi, quoi, s’il fallait résumer.
Ces chansons saturées qui avancent à deux à l’heure, trouées de temps presque immobiles qui laissent la place à une voix un poil torturée : on tient là, sans aucun doute, l’album de l’année.



L’album de l’année : The Goon Sax

11.06.2016

The Goon Sax Up to anything

Un fils de, au premier abord on rechigne, c’est naturel. Sauf si on ne l’apprend que sur le tard, à la rigueur. Et si l’on connaît par ailleurs fort mal la discographie du paternel (jamais été un grand fan des Go Betweens, oui je sais, ça va). Le vrai point d’accroche, soyons honnêtes, c’est Brisbane et cette pop aux timbres si touchants, qui semble littéralement couler à flots depuis la ville. Écoutez-moi cette batterie sans aucune retenue ni technique, cette voix si franche au chant un peu limite, cette basse aux mélodies affirmées, et ses paroles sur la phobie du téléphone ou les mains moites. Je n’isole pas de titres pour donner envie, ni même illustrer : il faut tout écouter. Si possible en mangeant une glace dans une voiture arrêtée sur le parking qui donne sur la plage, ou à vélo, ou le dimanche après-midi en finissant ses devoirs toutes fenêtres ouvertes. Ce disque, c’est la quintessence de la Everett-True-Pop. Qui doit certainement en horripiler certains, mais qui n’a de cesse de me ravir.
On tient là, sans aucun doute, l’album de l’année.

L’album de l’année : Morningface

03.06.2016

Morningface Love

Une guitare acoustique, parfois un orgue. Deux accords, trois à tout casser. Pas mal de réverb. La filiation n’est pas difficile à identifier. Elle pourrait être artificielle, en fait on s’en moque. Sans larsens ni batteries martiales, sans aucune affectation mal placée dans la voix, sans drogues même, probablement, l’hypnose prend tout de suite. Une musique psychédélique complètement nue. Plus encore que celle de ses aïeux qui se sont pourtant évertués à faire minimaliste.
On tient là, sans aucun doute, l’album de l’année.